17.12.08

L'art français, trublion du marché

Enquête réalisée par Alexis Munteanu









L'art français est à la quatrième place du podium mondial. Leader du marché de l'art jusqu'en 1950, la France ne fait plus face à la concurrence de Londres ou de New-York. Dans le contexte d'internationalisation des échanges, l'Hexagone doit s'adapter à la nouvelle économie, en changeant notamment son régime juridique et sa conception du marché.



Une situation internationale déprimante

Les principales places artistiques mondiales souffrent d'un essoufflement suite à la crise financière de l'automne. Au 15 novembre 2008, les prix mondiaux de l’art contemporain ont chuté de 36% par rapport à décembre 2007. La plupart des tableaux passent effectivement en dessous des estimations, sans parler des invendus, qui oscillent, selon les jours, entre un quart et la moitié. Même Sotheby’s, la célèbre maison de vente aux enchères internationale, annonce 36 millions d’euros de pertes pour le troisième trimestre de l'année 2008. Si les foires ont l'air de bien marcher (écouter Catherine Musnier, artiste-peintre) et bénéficiait de la confiance des galeristes (voir le lien), ce n'est maintenant plus le cas. Le retournement de situation a bien eu lieu malgré un bond de 50% en un an entre juin 2007 et juillet 2008. Dans ce contexte, la France enregistre de très mauvais résultats. Le marché de l’art français connaît une baisse record de 14,5% en 2008. Mais De plus, selon un rapport de l’European Fine Art Foundation, les chiffres des ventes publiques en France chutèrent de 21% entre 1998 et 2002 en valeur relative.

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Bref panorama du marché de l'art français actuel

Représentant 6% des ventes mondiales d’art contemporain, la France est loin derrière les autres pays. Le marché de l'art représente bien peu de choses dans l'Hexagone. Aux alentours des 15 millions d’euros de ventes du 1er juillet 2007 au 30 juin 2008, le marché de l'art français est bien en dessous des 269 millions d’euros de la Chine ou aux 348 millions des Etats-Unis. Ainsi, le marché de l'art français représente un peu moins d'une journée du volume d'affaires à la Bourse de Paris. Pour les artistes français, les ventes se font au rabais. Alors que Jeff Koons gagne 14.536.000 euros pour Balloon Flower (Magenta) en juin 2008 chez Christie’s et s’installe au Château de Versailles, les jeunes artistes français (tels que Fabrice Hybert, Richard Texier et Robert Combas) restent dans la cour en ne dépassant que difficilement les 30.000 euros. Marie-Blanche Carlier, codirectrice de la galerie Carlier Gebauer à Berlin, constate que « les artistes français ou résidant en France n’occupent pas une place prépondérante dans les grandes manifestations internationales. »

De haut en bas : "Le marché de l'art..." de Ben Vautier, " Ballon Carré "de Fabrice Hyber et "Comme des félins"de Robert Combas

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Une inadéquation avec le monde de l'art aujourd'hui

Si la France traverse une crise, c'est aussi parce que son marché de l'art est en inadéquation d'un point de vue économique et juridique avec les autres acteurs du marché. Face à cette situation, les gouvernements français successifs ont cherché des solutions pour rééquilibrer le marché de l’art. Le secteur est un fort enjeu économique que l’Etat compte sauvegarder. C’est ainsi que le 10 juillet 2000, une réforme sur le statut des commissaires-priseurs a permis à la France de générer 8,6% du chiffre d’affaire mondial sur le marché de l’art. 44% des lots d’artistes contemporains mis en vente ne trouvèrent pas preneur en 2000 alors que sur l´ensemble du marché le taux d´invendus n´est que de 37,4%. La même année, la création d’une autorité de régulation, le Conseil de ventes volontaires de meubles aux enchères publiques, n’a pas suffi pour maîtriser les flux du marché de l’art français. Aujourd’hui, le dernier rapport en date, celui de Martin Bethenod, le directeur de la Fiac, tente de répondre aux questions. Présenté sous l’appellation de « Plan de rénovation pour le marché de l’art » le 2 avril 2008 par le Ministère de la Culture, le rapport propose de dynamiser le marché de l’art par une réflexion sur les collectionneurs en France et par une amélioration de la compétitivité de l’art et de ses acteurs.


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