Robert Alexis ? Un pseudonyme pour un écrivain dont on ne connaît presque rien. Les seuls éléments qui lèvent un voile sur sa personnalité sont ses livres. Parmi les quatre livres publiés jusqu’à présent chez l’éditeur José Corti, deux se font écho dans leurs thématiques. Son premier livre, La Robe, et son dernier, Les Figures, sorti pour la rentrée littéraire de 2008, parlent tous deux de folie, sexe, fascination et perversité.
Les Figures est une œuvre qui traite de sujets à la fois difficiles et racoleurs : viol, sadomasochisme, cannibalisme et crime. Autant de vices qui rendent la lecture brutale, excitante. Et qui menacent le lecteur, saisi d’un malaise.
Ce sentiment désagréable et troublant signe pourtant la réussite du livre. Conscient de la dimension pornographique des thèmes abordés dans Les Figures, Robert Alexis prend en charge ses propos avec aplomb. La force de cet écrivain est d’utiliser la perversité, non comme prétexte spécieux pour parler de sexe, mais comme source structurante du roman. Le vice infecte chaque recoin du livre : les mots, l’ambiance, le rythme, la construction du récit. Alexis se délecte à jouer avec les nerfs et la patience d’un lecteur soumis à une littérature cruelle et manipulatrice. Une littérature du mal, qui cherche à bousculer son lecteur.
De cette façon, aucun effroi ne se dégage de l’écriture distanciée, parfois ironique et souvent hautaine de l’écrivain. Pas même quand elle se met dans la peau de l’héroïne, jeune bourgeoise du XVIIIe siècle qui, dans un souci de quête identitaire, lit les mémoires de son oncle trente ans après leur publication. Dans ce « je » précaire d’une femme qui s’initie aux méandres du vice, on s’attend à une révolte, une peur. Il n’en est rien. Le lecteur ressent, tout au plus, du dégoût, mais un dégoût toujours lié à de la fascination. En témoigne cette phrase : « Je goûtais à la viande froide des mamelles dévorées, mâchées longuement, englouties avec des bruits de gosier ».
Les Figures, c’est en fait le récit d’une fascination qui se répète au fil d’histoires qui elles-mêmes se répètent. C’est une perpétuelle mise en abîme du temps qui révèle progressivement le secret du livre, en fonctionnant par ellipses et par retours en arrière. Ces procédés, qui brouillent les indices et les repères spatio-temporels, permettent de créer un suspens digne d’un bon polar. Si ce roman historique du XVIIIe siècle recourt systématiquement à une temporalité déstructurée, c’est pour témoigner de la puissance évocatrice du passé. Alexis cherche à suggérer les liens étroits qui unissent le mystère au passé en montrant qu’il n’y pas plus angoissant et plus révélateur que ce temps révolu. C’est ainsi que l’héroïne apprend, dans un contexte psychiatrique malsain, à apprivoiser son attirance pulsionnelle pour le mal et à mieux se construire sur les traces du passé équivoque de son oncle.
Les Figures est un livre qui plaît autant qu’il déplaît. Il est comme ce personnage répugnant mais terriblement fascinant qu’est Tiercelin. C’est le rejet et le plaisir qui animent le lecteur. C’est une gène aussi. Celle de prendre conscience qu’en chacun de nous existe, comme le souligne Robert Alexis, « une curiosité de l’abject ».
Les Figures est une œuvre qui traite de sujets à la fois difficiles et racoleurs : viol, sadomasochisme, cannibalisme et crime. Autant de vices qui rendent la lecture brutale, excitante. Et qui menacent le lecteur, saisi d’un malaise.
Ce sentiment désagréable et troublant signe pourtant la réussite du livre. Conscient de la dimension pornographique des thèmes abordés dans Les Figures, Robert Alexis prend en charge ses propos avec aplomb. La force de cet écrivain est d’utiliser la perversité, non comme prétexte spécieux pour parler de sexe, mais comme source structurante du roman. Le vice infecte chaque recoin du livre : les mots, l’ambiance, le rythme, la construction du récit. Alexis se délecte à jouer avec les nerfs et la patience d’un lecteur soumis à une littérature cruelle et manipulatrice. Une littérature du mal, qui cherche à bousculer son lecteur.
De cette façon, aucun effroi ne se dégage de l’écriture distanciée, parfois ironique et souvent hautaine de l’écrivain. Pas même quand elle se met dans la peau de l’héroïne, jeune bourgeoise du XVIIIe siècle qui, dans un souci de quête identitaire, lit les mémoires de son oncle trente ans après leur publication. Dans ce « je » précaire d’une femme qui s’initie aux méandres du vice, on s’attend à une révolte, une peur. Il n’en est rien. Le lecteur ressent, tout au plus, du dégoût, mais un dégoût toujours lié à de la fascination. En témoigne cette phrase : « Je goûtais à la viande froide des mamelles dévorées, mâchées longuement, englouties avec des bruits de gosier ».
Les Figures, c’est en fait le récit d’une fascination qui se répète au fil d’histoires qui elles-mêmes se répètent. C’est une perpétuelle mise en abîme du temps qui révèle progressivement le secret du livre, en fonctionnant par ellipses et par retours en arrière. Ces procédés, qui brouillent les indices et les repères spatio-temporels, permettent de créer un suspens digne d’un bon polar. Si ce roman historique du XVIIIe siècle recourt systématiquement à une temporalité déstructurée, c’est pour témoigner de la puissance évocatrice du passé. Alexis cherche à suggérer les liens étroits qui unissent le mystère au passé en montrant qu’il n’y pas plus angoissant et plus révélateur que ce temps révolu. C’est ainsi que l’héroïne apprend, dans un contexte psychiatrique malsain, à apprivoiser son attirance pulsionnelle pour le mal et à mieux se construire sur les traces du passé équivoque de son oncle.
Les Figures est un livre qui plaît autant qu’il déplaît. Il est comme ce personnage répugnant mais terriblement fascinant qu’est Tiercelin. C’est le rejet et le plaisir qui animent le lecteur. C’est une gène aussi. Celle de prendre conscience qu’en chacun de nous existe, comme le souligne Robert Alexis, « une curiosité de l’abject ».
Cécile Strouk
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