Il n’y a pas de lignes blanches sur les routes que suit Raymond Depardon. Elles sont sinueuses, à peine tracées, prêtes à disparaître. Et pourtant, la caméra avance, sans se presser, comme sûre d’elle. Impossible d’entraver sa trajectoire, elle va aussi loin qu’on peut aller, là où meurent les sentiers. Tout au bout, elle trouve des fermes, et dans ces fermes, des gens.
Si la caméra de Depardon ne se perd pas, c’est qu’elle connaît le chemin. Voilà dix ans maintenant qu’elle explore le monde rural. Dix ans, le temps qu’il faut pour nouer des liens authentiques, pour que les paysans, filmés comme des rois, accepte de se livrer, à nouveau. Car ceux qui connaissent les deux premiers chapitres de la trilogie Profils paysans, L’Approche (2001) et Le Quotidien (2005), retrouveront quelques visages familiers. Les autres se laisseront guider, et feront la connaissance de la famille Privat, Jean Roy, et de quelques autres. Le photographe et documentariste prend la route pour eux, pour les écouter, ou juste les regarder, le temps qu’il faut. C’est ainsi qu’il parvient à capturer la nonchalance nerveuse d’une adolescente ou la colère lasse d’un vieil homme. Des moments de grâce, que seule la véritable patience permet d’obtenir.
Aussi le spectateur doit-il s’initier à un rythme particulier, où le temps se voit dilaté. Mais l’effort est porteur de sens : les longs travellings et les interminables plans fixes n’ont pas seulement un intérêt esthétique. Ils disent que les regards ne s’offrent pas facilement, que les confidences délivrées du haut d’un tracteur se méritent. Avant de découvrir ces gens, il faut accepter de prendre des chemins escarpés, parfois enneigés, accepter de regarder le flux continu de la route pendant plusieurs minutes. Il le faut, puisqu’il n’y a pas de voie rapide ici, comme il n’y a pas d’accélération dans l’œuvre de Depardon. La Vie moderne a simplement la cadence du réel, celle d’un univers rythmé par les saisons. A vouloir aller trop vite, on raterait ces petites choses qui sont l’essentiel : les rides au coin des yeux, l’odeur du café, celle de l’étable. A vouloir aller trop vite, on passerait à côté de la beauté crépusculaire du monde paysan.
Alors, bien sûr, la route est longue, mais c’est grâce à elle, à travers elle, que la poésie affleure. Ce road-movie, qui n’en est pas vraiment un, fait montre d’une infinie délicatesse. On en ressort ému, paisible, inquiet aussi. Mais si les sentiers pourraient s’effacer bientôt, le film de Raymond Depardon, lui, restera.
Si la caméra de Depardon ne se perd pas, c’est qu’elle connaît le chemin. Voilà dix ans maintenant qu’elle explore le monde rural. Dix ans, le temps qu’il faut pour nouer des liens authentiques, pour que les paysans, filmés comme des rois, accepte de se livrer, à nouveau. Car ceux qui connaissent les deux premiers chapitres de la trilogie Profils paysans, L’Approche (2001) et Le Quotidien (2005), retrouveront quelques visages familiers. Les autres se laisseront guider, et feront la connaissance de la famille Privat, Jean Roy, et de quelques autres. Le photographe et documentariste prend la route pour eux, pour les écouter, ou juste les regarder, le temps qu’il faut. C’est ainsi qu’il parvient à capturer la nonchalance nerveuse d’une adolescente ou la colère lasse d’un vieil homme. Des moments de grâce, que seule la véritable patience permet d’obtenir.
Aussi le spectateur doit-il s’initier à un rythme particulier, où le temps se voit dilaté. Mais l’effort est porteur de sens : les longs travellings et les interminables plans fixes n’ont pas seulement un intérêt esthétique. Ils disent que les regards ne s’offrent pas facilement, que les confidences délivrées du haut d’un tracteur se méritent. Avant de découvrir ces gens, il faut accepter de prendre des chemins escarpés, parfois enneigés, accepter de regarder le flux continu de la route pendant plusieurs minutes. Il le faut, puisqu’il n’y a pas de voie rapide ici, comme il n’y a pas d’accélération dans l’œuvre de Depardon. La Vie moderne a simplement la cadence du réel, celle d’un univers rythmé par les saisons. A vouloir aller trop vite, on raterait ces petites choses qui sont l’essentiel : les rides au coin des yeux, l’odeur du café, celle de l’étable. A vouloir aller trop vite, on passerait à côté de la beauté crépusculaire du monde paysan.
Alors, bien sûr, la route est longue, mais c’est grâce à elle, à travers elle, que la poésie affleure. Ce road-movie, qui n’en est pas vraiment un, fait montre d’une infinie délicatesse. On en ressort ému, paisible, inquiet aussi. Mais si les sentiers pourraient s’effacer bientôt, le film de Raymond Depardon, lui, restera.
Thomas Stélandre
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